Charte des « valeurs » québécoises 

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[1a]HuffingtonPost

un retour à l’arrière

Sébastien Potvin – Contributeur

La protection des droits des minorités est un devoir de tous les états prétendant être une démocratie juste et équitable. Ce qu’on voit alors au Québec avec les nouvelles proposées lois touchantes les libertés individuelles vis-à-vis la visibilité des religions au sein du gouvernement provincial me causent des soucis. En fait, je crois que cette proposition « en matière de neutralité religieuse de l’État » est une offensive destinée à l’attraction du vote majoritairement rurale et régionale de la province, mais au cout des minorités ethniques et religieuses. Mettre de l’avant les intérêts partisans tout en repoussant un principe fondamental démocratique mérite d’être judicieusement examiné et repensé.

Au fin fond, je ne doute pas de la sincérité de Pauline Marois, ni du Parti Québécois : je ne crois ni le chef ni le parti raciste. Plus tôt, je ressens un malaise quant à leur but ultime. Il me semble réellement qu’il s’agit ici d’une fabrication de crise par un gouvernement minoritaire qui a rencontré beaucoup d’obstacles populaires. En résumé, les nouvelles propositions cherchent à concrètement inscrire dans la Charte québécoise la « neutralité religieuse de l’état », du « personnel de l’État dans l’exercice de ses fonctions », etc. Le point le plus choquant est la nécessité de « neutralité religieuse » de la part des fonctionnaires. Certes, je n’argumente pas pour l’absence de toutes règles gouvernantes la laïcité du gouvernement. Bien au contraire. Mais cette vois d’interdiction auprès des citoyens employés par le gouvernement porte atteinte à leurs droits fondamentaux en tant que membres de la société canadienne.

Le gouvernement présent cherche la laïcité au mauvais endroit. J’y vois deux options : soit le gouvernement interdit absolument tous les liens envers organisme, individus, institutions et histoire faisant affaire à la religion pour une laïcité pure. C’est bien ce qu’il faudrait faire si, comme le veut si fermement le gouvernement Marois, la province recherche une véritable séparation de religion et d’état. Mais je dis que l’option deux est plus viable, propre aux droits de la personne, et plus décente : il s’agit du pluralisme politique. En étant égale à toutes les religions, tout en comprenant que l’acceptation de différences ethnoculturelles et plus bénéfiques qu’à la répression, il est possible de maintenir une laïcité passive qui se voit protégée des influences religieuses par la primauté des lois et de la constitution. C’est bien ce que fait le Canada, et certainement le Québec, depuis les années 60 et au-delà. Drôle qu’il n’y a jamais eu de soulèvement de problèmes ou de crises avant la semaine dernière depuis toutes ces années.

Effectivement, la Commission Bouchard-Taylor est arrivée à une conclusion semblable : la semblance d’un problème au sujet des accommodements raisonnables est le résultat d’une distorsion de la part des médias et du public ethnoculturel québécois. C’est-à-dire que la population majoritairement québécoise et catholique (si ce n’est que culturellement) se sent menacée par un danger inexistant. Il n’y a pas présentement de menace à la laïcité québécoise. Au contraire, la pluralité politique de la population sert d’un contrepoids à ceci en assurant une diversité qui vise sa propre sécurité – et ceci inclut les Québécois « de souche »! Seulement en permettant une politique non contrainte de multiculturalisme est-il possible de maintenir une société si diversifiée telle que le Québec. Le danger de racisme institutionnalisé est trop grand pour en faire le risque.

 

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