Idle No More: Quand les préjugés l’emportent

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2B - [Daniel]R.A. PatersonRegard sur la politique indienne de la fin du 19e siècle

Daniel Fortier
Contributeur

Connu sous le nom de Fini l'immobilisme  au Canada français, ce mouvement pancanadien s'est grandement fait critiqué. Parmi les commentaires entendus, on dit que les autochtones sont manipulés par leurs chefs, des individus très riches qui pensent seulement à leur intérêt personnel. On dit que ces chefs sont contre le Bill C-45, parce que ces changements proposés leur enlèveraient du pouvoir. On dit aussi que le mouvement est flou, qu'il n'a pas d'objectif fixe. On a ridiculisé les demandes d'entretien avec le Gouverneur Général, après tout, la couronne ne s’ingère plus dans les affaires canadiennes. Finalement, on dit que les Premières Nations du Canada doivent arrêter de vivre dans le passé et qu'ils doivent mettre de côté les événements malheureux du passé pour s'intégrer pleinement à la société canadienne.

Que la perpétuelle dépendance sur le Gouvernement canadien devra cesser un jour, c’est une relation malsaine pour les deux partis après tout. Cette critique est pertinente et soulève des questionnements légitimes mais elle est aussi teintée de préjugés et d’ignorance par rapport aux traités et à législation canadienne. Elle présuppose que la page est tournée, que le Canada n'agit plus comme au temps de l'Acte des Sauvages (maintenant connu sous le nom de l’Acte des Indiens). Elle repousse du revers de la main l'historique de la politique indienne au Canada (Canadian Indian Policy), un historique rempli d’embûches qui ont considérablement ralenti le développement économique sur les réserves.

Deux de ces politiques furent mises en place après les évènements troubles de 1885. La première demandait à quiconque voulant sortir de sa réserve de se procurer une passe préalablement. L’agent indien local pouvait décider de la donner ou non, comme bon lui semblait. Voilà précisément le type d’attitude que nous reproduisons toujours de nos jours, une gouvernance vers le bas qui ne se préoccupe pas du point de vue de celui que l’on veut « aider ».

La deuxième fut instaurée en 1889 suite à la pression de colons blancs. Certaines réserves étaient devenues compétitives sur le marché, une politique d’agriculture de subsistance fut donc instaurée. Les nouvelles mesures empêchaient un autochtone d’utiliser de la machinerie agricole et il devait travailler avec des outils rudimentaires tels que des moulins à main ou des faux. Selon Hayter Reed, commissaire aux affaires indiennes : « L’indien ne pouvait pas passer d’un état sauvage à un état civilisé sans passer par l’état barbare, ce bon irait à l’encontre d’une évolution culturelle naturelle.» Ces mesures n’existent plus de nos jours et il ne faut pas ignorer les progrès et les efforts entrepris par le gouvernement pour améliorer sa politique indienne.

Néanmoins, l’Acte des Indiens agit toujours comme un frein au développement économique sur les réserves. De plus, les préjugés tels que : les autochtones vivent dans le passé; ils sont dépendants; et ils résistent au changement sont les mêmes aujourd’hui qu’à l’époque de l’annexion de l’Ouest au Canada. On disait aussi que les autochtones étaient paresseux et qu’ils étaient mauvais agriculteurs et on utilisait ce raisonnement pour expliquer la pauvreté et les hauts taux de mortalité sur les réserves.

De nos jours, ces allégations sont réfutées et la politique indienne est sérieusement montrée du doigt. Par contre, le discours populaire est toujours le même et se cache sournoisement dans la phrase : Il faut tourner la page. Mais l’Acte des Indiens est ses provisions existent toujours et le récent mouvement est l’antithèse de la stagnation, il s’appelle Fini l’immobilisme après tout.

ENGLISH TRANSLATION

Idle No More: When Prejudice Reigns

A look back on 19th century Aboriginal politics

Known as Fini l’immobilisme in French, this cross-Canada movement has been largely criticized. Some have said that chiefs –the rich individuals that only think of their own personal gain—have manipulated Aboriginal people. According to this theory, chiefs would be opposed to Bill C-45 because the proposed changes would remove some of their power. Some have also said that movement is vague, without a clear objective. The demands for a meeting with the Governor General have been ridiculed; the Crown does not get involved in Canadian affairs after all. Finally, some have said that First Nations people must stop living in the past and that they must put aside all the unfortunate events from the past to fully integrate with today’s society. After all, as goes the argument, the perpetual dependence to the Canadian government should stop one day, as it is an unhealthy relationship for both parties.

This critique is relevant as it brings forth legitimate questions but it is also tainted with prejudice and ignorance regarding treaties and Canadian legislation. It assumes that the page has been turned; that Canada no longer acts like it did in the days of the Indian Act. It also ignores the historic facts related to the Canadian Indian Policy, a history full of challenges that considerably slowed economic development on reserves.

These policies include two that were put in place after the troublesome events in 1885. The first demanded that anyone wanting the leave the reserve would have to first obtain a pass. The agent in charge would have the power to decide whether or not the pass was awarded, whether he felt like it or not. This is precisely the attitude that we still have today when dealing with Indian Policy, a top-down system of governance that does not take into account the one we try to “help.”

The second policy was put in place in 1889 following pressure from white colonizers. Certain reserves had become competitive in the marketplace, so a subsistence farming policy was introduced. New measures prevented an Aboriginal person from using machinery when farming and he was forced to use rudimentary tools such as hand mills and scythes. Commissioner Hayter Reed invoked a theory of cultural evolution to rationalize these measures: “Indians could not leap from savagery to civilization without experiencing the intermediate stage of barbarism”.
These policies no longer exist and we must not ignore the progress and efforts put forth by the Canadian government to improve its Aboriginal policies. Nevertheless, the Indian Act still remains a major hindrance to the economic development on reserves. Furthermore, prejudices from long ago still remain such as: Aboriginal people live in the past; they are dependent; and they are resistant to change.  Back in the day, people would use this reasoning to explain the poverty and the depopulation on reserves. What are we saying today? The discourse is very much the same.

These days, those allegations have been refuted and those policies are severely criticized. However, the public discourse remains the same and it is sneakily hidden in the phrase “We must turn the page.” But the Indian Act and its provisions still exist today and the recent movement is the antithesis of stagnation. After all, it is called “Idle No More.”

Photo courtesy of R.A. Paterson

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